27 mars 2015
Vendredi 27 mars 2015 – Pura Luhur Uluwatu, Bali, Indonésie
Le pura Luhur Uluwatu est un petit temple dont l’unique intérêt, et non des moindres, est d’être perché au sommet d’un éperon de soixante-dix mètres au-dessus d’une mer d’azur. Le visiteur ne regrette donc pas de s’en voir interdire l’accès, les meilleurs points de vue se trouvant sur le chemin de la falaise. Là, l’effet est saisissant.
Pour peindre la vue, je m’assois sous un kiosque. Il est tôt et les touristes ne sont pas nombreux. Une brise légère fait frémir les buissons et rend supportable la chaleur. Des papillons volettent. Un frelon passe, cherche du pollen sur mes godets d’aquarelle, s’en va. Devant moi, la mer éternelle est parcourue d’ondes régulières qui s’abattent sur les récifs en contrebas de l’éperon. Un bateau de pêche rouge passe au large. J’envie le spectacle dont bénéficie son équipage. Les gros nuages blancs se cantonnent à l’horizon et laissent le ciel à son bleu. La saison des pluies est-elle terminée ? Il n’a pas plu depuis plusieurs jours maintenant.
Un vieux macaque passe le long du garde-fou entre le chemin et le vide. Le Lonely Planet m’a averti, de nombreux quadrumanes vivent autour du temple de la rapine d’offrandes, et l’un de leurs passe-temps est de subtiliser le couvre-chef et les lunettes des touristes. Certaines langues prétendent qu’ils sont élevés dans ce but et que les dresseurs demandent de l’argent en échange des affaires dépossédées. Je rassemble rapidement mon matériel quand il s’approche. Toutefois, il ne semble pas avoir de velléités particulières. Il s’assoit à mes pieds, jette un coup d’œil à droite, à gauche tout en se grattant le dos, puis la cuisse. Un couple de touristes asiatiques passe, l’observe, lève les yeux vers moi, me sourit avant de continuer son chemin. Le macaque tourne la tête et me regarde. Il attend peut-être que je lui donne quelque chose. Je n’ai rien. Il n’a pas l’air mauvais bougre. Cependant, je ne veux pas lui faire confiance. Je ne sais jamais de quoi les singes sont capables. Quand il comprend qu’il n’aura rien, il s’en va comme il est venu, le long du muret en béton. Il s’installe plus loin, au sommet d’un petit arbre au-dessus du vide. Je poursuis mon dessin et garde un œil sur lui. Il secoue maintenant avec véhémence l’une des branches pourtant sans fruit. Puis il disparaît. De peur qu’il ne réapparaisse et me dérobe pinceaux ou boîte d’aquarelle, je déclare que mon dessin est dans un état satisfaisant d’avancement et je retourne vers le temple.
©pehaud
Sur le chemin, un malheureux Chinois s’est fait voler ses lunettes. Il tente vainement de les récupérer en tendant une bouteille d’eau vers le macaque qui préfère mâchouiller son butin.
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